LOUISON est née d'une heure exquise, vendue par une courtisane au prince de Conti, et elle est belle dans une France exquise, celle du début du règne de Louis XVI et de Marie-Antoinette.
C'est le temps de Fragonard, des Montgolfïer, de Beaumarchais, de Calonne et de ses financiers, du romantique héritage de Rousseau. Les robes sont légères, les bonnets fous, les couleurs claires. La science bouillonne, les ballons s'envolent, le théâtre enfièvre Paris, l'or se montre et provoque, fait la fête et bâtit des folies. Le marivaudage court toujours les alcôves, mais les jeunes filles, ivres de romans, rêvent de se marier par amour. Tout bouge et tout se mêle, avec passion.
Louison est de ce temps-là, posée entre deux âges de la France, au carrefour de ses contradictions. Frivole et tendre, spirituelle et raisonneuse, tentée par les belles occasions qui passent, sincère dans tous ses caprices, enchantée de ses élans, douloureuse de ses trahisons, charmeuse sans vergogne, tricheuse de bonne foi, bref elle est femme, femme, femme ! trois fois femme ! c'est son ami Beaumarchais qui le dit.
À travers les décors de sa vie le riche faubourg Saint-Honoré encore à demi campagnard, la petite maison fourrée de tapis et de soie du beau Persan, l'été aux eaux de Bagnoles et le gai village à la mode des Porcherons Louison ne recherche qu'une chose : être aimée dans la douceur de vivre d'un monde fragile, qui va bientôt mourir.
Après la merveilleuse « Bougainvillée », Fanny Deschamps retrouve avec « Louison » son cher XVIIIe siècle qu'elle connaît comme personne. Elle nous y mène par le bout du nez, nous séduit, nous enchante tant par sa connaissance de lHistoire et de ses histoires que par l'élégance et la sensualité de son écriture. Louison a bien des grâces.
Quatre cents pages pleines de charme, de talent et d'intelligence. Un vrai bonheur.